Construire un projet professionnel en intégrant le handicap psychique

Témoignage de l’ESAT la Vie en Herbes

Depuis plusieurs années, j’interviens auprès de jeunes en situation de handicap psychique à l’ESAT La Vie en Herbes à Marcoussis 91. L’objectif est d’accompagner ceux qui souhaitent sortir du milieu protégé pour aller vers le monde de l’entreprise. Je les aider à construire un projet professionnel réaliste et réalisable, en phase avec leur aspirations et capacités.

Mais un projet professionnel ne sort pas du chapeau comme ça ! Avant toute chose, nous prenons le temps de travailler le socle, consolider l’estime de soi, qui souvent a été mise à mal par un parcours accidenté. Nous faisons émerger les points d’appuis et « forces » de chacun. En petit groupe, au travers d’exercices ludiques, chacun revisite son parcours, ce qu’il sait faire, aime faire. Tout cela encouragé et conforté par les échanges au sein du groupe. S’en suit une prise de conscience de leurs qualités, talents, compétences et réussites. Une reconnexion à des désirs et rêves enfouis.

C’est ainsi qu’à partir de ce terreau, la confiance en soi se consolide et que chacun peut élaborer un projet professionnel, en cohérence avec sa personnalité, ses savoir-faire. Lorsque les contours du projet s’affinent, nous définissons des étapes concrètes pour passer à l’action, par petits pas successifs.

Tout au long du parcours, nous travaillons sur le savoir-être et les clés de la communication. Mieux vivre ses émotions, gagner en aisance relationnelle, savoir faire face à des situations de stress, se familiariser avec les codes de l’entreprise, préparer un entretien.

Les ateliers en groupe permettent de développer un esprit d’écoute, de solidarité, d’entraide et de maintenir la mobilisation. En complément, un suivi individuel permet d’aborder les questions plus personnelles, de lever les blocages et d’apporter un soutien spécifique.

Témoignage de Philippe Ferrer, directeur de l’ESAT

Qu’avez-vous constaté comme changements suite au coaching et aux ateliers de groupe depuis 3 ans ?

Un changement de posture, une reprise de confiance en eux, une vision beaucoup plus positive de leur avenir. Pour certains qui étaient dans une sorte de rébellion, ils ont mûri. La construction d’un projet pour eux a pris du sens. Car on leur parle de projet depuis longtemps mais ils ne voyaient pas exactement de quoi il s’agissait. Cela a beaucoup évolué ainsi que leur façon d’être. On arrive à leur faire faire des petits pas ; avancer doucement, à leur rythme.

Et la magie, c’est que cela a agi à la fois sur ceux qui ont participé et s’est dilué vers les autres. Une dynamique de groupe s’est mise en place. Cela devient possible pour eux, cette idée de pouvoir avancer, de faire des choses par eux-mêmes. Certains voient leur projet évoluer, tout cela est né dans votre groupe.

Maintenant, on les accompagne, on marche à côté d’eux, ils nous indiquent où ils veulent aller. C’est un changement majeur de position pour l’équipe d’encadrement de l’ESAT. Car nous sommes passés d’une posture de « je te guide » à une posture de « je te suis », ce qui est très différent.

Autre point, c’est l’ambiance créée au-delà du groupe. Les Trotteurs, c’est devenu quelque chose pour eux. Quand ils disent « Les trotteurs sont là ! », ils savent qu’ils ont leur atelier, cela résonne dans les couloirs. Et pour ce genre d’action, le nom est parfait !

Quel a été l’impact sur votre façon de manager ?

La dynamique des Trotteurs a un impact sur les équipes d’encadrement. Cette projection vers l’extérieur nous permet de les accompagner vers la vie professionnelle en milieu ordinaire. Avant, envisager de quitter l’ESAT n’était pas d’actualité. Maintenant c’est un vrai sujet.

Dans mon management, dans l’équipe, on passe à l’acceptation de prendre des risques. Oui, on fait prendre des risques aux travailleurs, on accepte les « peut-être » et cela se passe bien. Pour l’un deux, une immersion en entreprise s’est tellement bien passée, qu’il a signé.

En tout cas, c’est un sujet qui nous porte au moins depuis 3 ans.

Au fil des discussions ensemble, je me suis intéressé à cette notion de confiance en soi et quand on la retrouve, c’est un moteur extraordinaire.

Qu’appréciez-vous dans notre collaboration ?

Ce que j’apprécie, c’est votre grande écoute. Votre capacité à poser la petite question simple qui fait avancer. S’arrêter un moment, se dire : « Qu’est ce qui est important pour moi ? Quelles sont les échéances à venir ? Qu’est-ce que je vais poser comme action, avec une date ? ».

Ravi de cette collaboration simple et fructueuse. On a l’impression que vous faites partie de meubles ! Les Trotteurs à la Vie en Herbes, c’est comme ça. »

Philippe Ferrer, Directeur ESAT

Merci à Philippe Ferrer et toute l’équipe de La Vie en Herbes pour leur confiance renouvelée ! Un lieu où le « vivre ensemble » prend tout son sens.

A propos de l’ESAT La Vie en Herbes :

L’ESAT La Vie en Herbes, implanté en pleine nature à 30 km au sud de Paris, fait travailler 80 personnes en situation de handicap, avec des valeurs fortes de solidarité, de respect de l’humain dans toute sa différence et de développement durable. Son activité principale est la production de plantes aromatiques et médicinales bio. Il propose également des prestations d’entretien d’espaces verts et services aux particuliers, entreprises et collectivités.
Vous pouvez acheter leurs tisanes bio sur leur site via le lien ci-dessous.

Béatrice Marcireau Pasquer

Depuis 2004, j’accompagne les entrepreneurs et dirigeants dans leur développement, ainsi que les personnes en réinvention professionnelle suite à une rupture de parcours, comme la maladie. Avec la conviction que nos sorties de route et bifurcations sont autant d’opportunités de reconnexion à soi et de nouveau départ.  Lire +